En 1851, l'affaire du presbytère de Cideville faisait connaître à toute la Normandie notre village. Cette affaire
de sorcellerie a fait et fait couler beaucoup d'encre. Dernièrement l'Abbé ALEXANDRE, dans son livre "Le
Horsain" relate cette histoire. Voici un bref résumé des faits. Ils furent certifiés sous serment par plus de 20
témoins, la justice ayant été saisie d'une plainte du sorcier lui-même contre l'Abbé TINEL, Curé de
Cideville.

En novembre 1850,le Curé de Cideville fait chasser de sa paroisse un guérisseur de mauvaise
réputation. Celui-ci, décidant de se venger, charge un berger sorcier, le berquet THOREL de nuire au curé
et de faire quitter le village aux deux élèves auxquels le prêtre enseignait. A partir de ce moment, on assista
aux faits les plus étranges : bruits, déplacements de meubles, projections d'objets, bris de vitres. Des gens
de toute condition, médecin, prêtres, conseillers municipaux et Maire, assurèrent avoir vu ces choses
extraordinaires, Monsieur le Marquis de Mirville et Madame Des Champs du Bois-Hebert déposant avoir
communiqué avec "I'Esprit". Pendant ce temps, l'enfant ensorcelé, un des deux élèves du curé, tombait en
syncope puis avait des visions. Se souvenant que ces sortes "d'esprit" craignaient les pointes de fer, la
population s'arma de pics et d'épée et frappa l'espace. On entendit alors des gémissements et deux fois
pardon. Le Curé accorda son pardon si "l'esprit" venait demander grâce devant l'enfant le lendemain.
Le jour dit, le Curé vit arriver le Berger THOREL blessé au bras et au visage. Il se mit à
genoux et demanda pardon à l'enfant qui le lui accorda. Une dernière confrontation dut avoir lieu en
présence du Maire, Monsieur CHEVAL, -a la mairie de Cideville. Le Berger THOREL en présence du
Maire demanda grâce de nouveau et voulant obtenir celle du Curé se traîna vers lui. Celui-Ci apeuré,
assena à THOREL trois coups de canne sur le bras. Ces coups allaient faire l'objet de la plainte en justice
déposée, par le sorcier, au Juge de Paix de Yerville qui selon ces propos fut stupéfait devant les nombreux
témoignages.

Le 4 février 1851, jugement était rendu : THOREL fut débouté et condamné aux
dépens. En d'autres temps, il eût connu le bûcher.
Il parait que le presbytère hanté, fut rasé et qu'après la mort de THOREL sa tombe fut l'objet de
nombreuses visites à tel point que le Cardinal de BONNECHOSE la fit disparaître.
L'homme face à l'insolite, l'inconnu est encore aujourd'hui tenté de l'expliquer par l'intervention de
puissances surnaturelles. Les croyances qui découlent de cette démarche marquent profondément
son comportement et génèrent des aberrations de l'esprit. Cette histoire du presbytère de Cideville,
et de nombreuses autres au cours des siècles jusqu'à nos jours, nous le rappelle.

Si vous voulez en savoir plus, consulter le livre de René LE TENNEUR "Magie,
Sorcellerie et Fantastique en Normandie" aux Editions Etudes et Documents d'Histoire de
Normandie OCEP 1979 duquel ces passages sont extraits.
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